La Nouvelle-Orléans compte environ 350 000 habitants, mais elle accueille des millions de touristes chaque année. Elle est située au bord du golfe du Mexique, à l’embouchure du Mississipi. Cette ville aux milles couleurs où les Européens, les Amérindiens et les Africains ont su créer une culture, un art et une gastronomie uniques, est l’exemple même de la diversité que prônent certaines villes nord-américaines. Toronto en est un autre exemple frappant.

Bref aperçu historique de la Nouvelle-Orléans

La Nouvelle-Orléans est une ville à part dans les USA. C’est la seule qui évoque des parfums, des saveurs et des mélodies à la simple évocation de son nom. Elle a longtemps été le port le plus riche du pays, et c’est aujourd’hui l’une des destinations les plus prisées par les touristes qui veulent faire la fête. « On fait tellement la fête dans la Nouvelle-Orléans qu’il y a de l’alcool même dans les églises », plaisante l’acteur Garrett Morris. Dans la ville natale du jazz, on joue de la musique jusqu’au bout de la nuit, de l’automne à l’été, quand la neige tombe ou quand le soleil rayonne. L’ambiance était plus calme au 18e siècle, quand les Français ont débarqué sur les côtes de cette ville haute en couleur. A l’époque, les maîtres des lieux étaient… les alligators, qui peuplaient les marécages où seuls les Amérindiens osaient s’aventurer. Les Français veulent construire un port pour relier les territoires du nord qui bordent le Mississipi aux colonies des Caraïbes. Ils s’établissent en 1718 et baptisent cette nouvelle ville en l’honneur du régent, le Duc d’Orléans.

Le Gumbo : un melting pot culinaire, une explosion de saveurs

A trois mètres au-dessus du niveau de la mer, cette première colonie devient le French Quarter, aussi appelée le Vieux Carré ou encore le Quartier Français. Dans les restaurants, les décors et la cuisine racontent l’histoire de la ville et de sa tradition. Les Français, les Espagnols, les Allemands, les Anglais, les Italiens et les Africains ont façonné ensemble la ville, sa culture et sa fameuse gastronomie. Ils ont inventé la cuisine créole, un mélange de couleurs et de saveurs inimitable. Et l’une des spécialité de la Nouvelle-Orléans, le Gumbo ou ragoût créole, vaut à lui seul le détour ! Chaque chef a son interprétation de ce plat omniprésent dans la ville. Le Gumbo est né d’une tentative des premiers européens de recréer la célèbre bouillabaisse du sud de la France. Au fur et à mesure du temps, les influences de chaque communauté ont joué sur la recette, chacune ajoutant un nouvel ingrédient. On commence avec un roux brun, qui est un fond de sauce français. On ajoute par la suite des poivrons frais d’Espagne. La viande fumée vient quant à elle des Allemands. Enfin, la poudre de filé qui nous vient des Amérindiens. Non seulement elle parfume le Gumbo, mais elle l’épaissit. Si tous les peuples de la ville n’avaient pas ajouté leurs ingrédients, le Gumbo n’existerait pas.

Les influences franco-espagnoles d’une ville profondément américaine

C’est dans le quartier français que la culture créole est née, et la majorité des 35 000 bâtiments historiques de la cité se trouvent dans le Vieux Carré. Le quartier français est tout simplement magique. On dirait un décor de cinéma ! Les balcons en fer forgé, les volets verts et les ruelles ne laissent pas indifférents. Pourtant, les détails qui caractérisent ce quartier ne sont pas du tout d’inspiration française. Ce quartier a bien été construit par les Français… pourtant, ce style est typique de l’Espagne. Nous sommes en mars 1788. En ce vendredi saint, l’officier espagnol Don Vincente Jose Nunez allume un cierge pour prier. Mais il doit s’absenter précipitamment. Quand il rentre chez lui, sa maison est en feu. Il court à l’église et supplie le prêtre de donner l’alerte. Soucieux de respecter la tradition catholique, le prêtre refuse de faire sonner les cloches un vendredi saint. Bien que la Nouvelle-Orléans soit entourée d’eau, la ville n’est pas organisée pour lutter contre les incendies. En cinq heures, l’hôtel de ville, l’église, les quartiers militaires et la prison sont réduits en cendres.

Quand l’incendie est enfin maîtrisé, 856 bâtiments du quartier français sont anéantis, soit 80% de la ville. Six ans plus tard, le quartier est de nouveau ravagé par le feu. Ces incendies qui ont pratiquement rayé la ville de la carte sont caractéristiques de la Nouvelle-Orléans, qui est livrée aux catastrophes. Mais elle a beau avoir été brûlée et détruite, elle a toujours réussi à se reconstruire. En 1762, l’Espagne a racheté la Nouvelle-Orléans à la France. C’est donc à ce pays qu’est revenue la charge difficile de reconstruire la ville, instaurant par la même occasion des normes de construction très stricte : le bois disparaît alors. L’architecture française d’origine est abandonnée à la faveur du style espagnol, ce qui explique l’inspiration actuelle. Et si vous vous rendiez sur place pour explorer les vestiges de cette histoire tumultueuse ? On vous conseille de lire l’interview de Pauline Dides Leboeuf à ce sujet !